Warm Springs

À 37 ans, après avoir perdu la course à la vice-présidence du Parti Démocrate, Franklin Delano Roosevelt s'en retourne sans trop de conviction à la pratique du droit. Deux ans plus tard, alors qu'il est en vacances au Canada, la maladie le frappe brutalement après une baignade imprudente. Il est atteint de la poliomyélite et restera partiellement paralysé pour le reste de sa vie. Il lui faudra réapprendre à s'asseoir, à se lever et à marcher. Il aura tout le support de son épouse Eleonor qui, de femme discrète qu'elle était, deviendra une grande leader de toute la nation américaine. Bien qu'il reste en contact avec le parti démocrate, il lui faut cependant attendre 1928, et une nette amélioration de son état de santé, pour reprendre toutes ses activités politiques.

Élu en 1933, il restera au pouvoir jusqu'en 1945. Amené à conduire la lutte contre la Grande Dépression, il met en oeuvre une nouvelle redistribution des richesses de son pays, le fameux New Deal, qui refondra pour une quarantaine d'années le pacte social américain. Il introduit ainsi des lois sociales destinées à protéger les citoyens les plus faibles, les personnes âgées et les chômeurs. Aux côtés de Churchill, il mena les pays alliés durant la Seconde Guerre mondiale contre l'Allemagne. Il n'aura pas fait l'unanimité mais il aura quand même été le seul Président américain à avoir dirigé son pays durant quatre mandats.

Mais bien au-delà d'un simple portrait d'un politicien, ROOSEVELT a la particularité d'illustrer les années inconnues d'un des plus grands Présidents de toute l'histoire des États-Unis avant qu'il n'accède au pouvoir, celles de sa rééducation physique à la station thermale de Warm Springs, en Georgie. Ce furent les années noires, celles durant lesquelles il se retira de toute vie publique, abandonnant ses idéaux sociaux et ses rêves politiques. D'homme aux grandes ambitions qu'il était, il devint dépressif et reclus, déclinant toute tentative de sa famille et de ses anciens collaborateurs de le convaincre de s'impliquer de nouveau dans l'avancement de son pays. L'exploration de cette période sombre de sa vie permet de tirer des traits approfondis de sa personnalité qui s'avèrent loin d'être toujours avantageux. Si sa force de caractère est évidemment mise en évidence, ses faiblesses et ses doutes aussi le sont, laissant ainsi place à la vulnérabilité de l'homme plutôt qu'à un hommage inconditionnel à un personnage plus grand que nature, interprété d'ailleurs avec une rare conviction par un Kenneth Branagh au sommet de son art.

Cependant, si ROOSEVELT n'est pas un éloge béat, il n'en demeure pas moins une leçon de courage qui illustre comment, d'une maladie qui changea complètement sa vie, un homme, par sa persévérance, aura réussi non seulement à surmonter cette dernière mais, par-dessus tout, sera parvenu à devenir l'un des hommes les plus importants de son époque.